L’une des critiques les plus contentieuses dirigées contre les sables pétrolifères soutient que l’essence et le carburant diesel fabriqués à partir de cette ressource émettent des quantités beaucoup élevées de gaz à effet de serre (GES) que le carburant produit à partir du pétrole brut classique.
Cette plus récente déclaration a été faite dans une lettre de la U.S. Environmental Protection Agency (PDF), dans laquelle l’organisme fait état de ses préoccupations quant au pipeline Keystone XL proposé, qui assurerait le transport du pétrole brut de l’Alberta jusqu’aux raffineries de la côte du golfe du Mexique. L’EPA affirme que le brut tiré des sables pétrolifères émettra environ 82 % plus d’émissions de GES que le brut moyen raffiné aux États-Unis.
L’EPA dresse-t-elle un portrait complet de la situation? Pas vraiment. Ce dont l’EPA parle ce sont les émissions « du gisement au réservoir » – soit celles associées au forage, au raffinage et à la livraison du carburant à la station service.
Mais l’analyse « du gisement au réservoir » est fondamentalement défectueuse, puisqu’elle ignore les émissions de GES liées à l’utilisation du carburant dans les véhicules. Comme l’Alberta Energy Research Institute nous montre (PDF), il s’agit là d’un important oubli car entre 70 % et 80 % des émissions de GES proviennent de la consommation de carburant.
L’analyse « du gisement au volant », réalisée récemment par l’Alberta Energy Research Institute, révèle que les émissions imputables au cycle de vie du brut tiré des sables pétrolifères (PDF) ne sont que légèrement plus élevées que celles provenant du brut classique. Selon l’analyse, elles sont en fait assez comparables, l’écart se situant entre 5 % et 15 % seulement. Cet écart diminue lorsqu’on tient compte de l’utilisation de la technologie de cogénération (qui consiste à utiliser la chaleur récupérée pour produire de l’électricité).
Le tableau ci-dessous illustre les émissions relatives associées à la production et au raffinage de trois bruts et celles liées à la combustion de ces combustibles.
Extrait de Jacobs Consultancy, Life Cycle Assessment Comparison for North American and and Imported Crudes (PDF), Juin 2009.
Cet écart relativement faible de 5 % à 15 % s’amenuisera, à mesure que les sociétés exploitant les sables pétrolifères amélioreront leur rendement énergétique. Il pourrait diminuer davantage, à mesure que la mise en valeur de pétroles plus lourds s’intensifiera dans le reste du monde. On prévoit d’ailleurs que les émissions de GES provenant du brut autre que celui tiré des sables pétrolifères augmenteront au fil du temps.
L’atmosphère ne se soucie guère de la source de CO2, ce qui importe c’est de connaître la quantité totale, c’est-à-dire les émissions de CO2 provenant des activités in situ et de l’exploration des sables pétrolifères, des procédés de valorisation, des raffineries ainsi que des automobiles et des camions.
Si nous voulons vraiment réduire les émissions de GES associées au pétrole, nous devrons nous pencher sur tous les facteurs qui entrent en jeu, y compris l’efficacité énergétique du secteur du transport responsable de 75 % à 80 % des émissions actuelles.
Pour être juste, je crois que certains groupes écologistes connaissent déjà ces données. Ce mois-ci, l’Institut Pembina a publié un rapport (PDF) dans lequel il suggère aux Ontariens différentes façons de réduire l’impact environnemental de leur migration quotidienne. Bien que certaines mesures soient propres à la région du sud de l’Ontario, bon nombre d’entre elles s’appliquent à tous les gouvernements et les migrants quotidiens et à toutes les régions.
Cela ne veut pas dire que l’industrie des sables pétrolifères ne doit pas être vigilante. Nous devons, nous aussi, changer nos comportements afin de réduire de façon continue l’intensité carbonique associée à la mise en valeur des sables pétrolifères, surtout à mesure que la production augmentera. La réduction des émissions de GES est l’affaire de tous – les décideurs, les urbanistes, les consommateurs et l’industrie – et nous devons tous contribuer à la recherche de solutions.
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