En lisant les journaux ces jours-ci, on ne peut s'empêcher de remarquer que le mouvement écologiste en Amérique du Nord semble être en guerre contre les pipelines, ou plutôt deux pipelines : Keystone XL, qui approvisionne le Texas depuis l'Alberta, et Northern Gateway, qui approvisionne la côte britanno-colombienne depuis l'Alberta.
Ces deux combats ont mobilisé certains groupes écologistes parmi les plus importants et les plus influents d'Amérique du Nord, qui soulèvent des questions se rapportant, notamment, à la sûreté des pipelines.
Cet argument ne tient pas compte du fait que XL et Northern Gateway ne sont que deux des nombreux pipelines d'envergure qui traversent déjà la frontière et qui acheminent chaque jour en toute sécurité du pétrole brut sur des milliers de kilomètres du nord au sud et d'est en ouest. (*Information complète : Suncor dispose de son propre réseau de pipelines à l'appui de ses activités et favorise le développement d'infrastructures d'acheminement de ses produits aux différents marchés.)
À l'instar des lignes de transport d'électricité, les pipelines sont une composante essentielle de l'infrastructure énergétique de l'Amérique du Nord. Et si personne ne se réjouit particulièrement de les avoir « dans sa cour », sans eux, la vie moderne serait impossible pour le reste de la population. Par exemple, quand on a récemment interrompu l'écoulement du pipeline Trans-Alaska pour entretien, les États-Unis ont perdu 10 % de leur approvisionnement en pétrole brut du jour au lendemain.
Loin de présenter un danger important, les pipelines constituent en fait le moyen le plus sûr et le moins polluant d'acheminer le pétrole brut vers les marchés et les raffineries. D'après les statistiques de l'Association canadienne de pipelines d'énergie (CEPA), les pipelines canadiens transportent approximativement 1,2 milliard de barils de produits liquides (pétrole brut et produits pétroliers raffinés) chaque année. Cela équivaut à environ trois millions de barils de brut par jour. Le transport de ce même volume par la route ou par rail mobiliserait quotidiennement 15 000 camions-citernes ou 1 500 wagons-citernes. L'augmentation des émissions de carbone liées au transport serait à elle seule inacceptable, sans parler de la congestion routière supplémentaire et du risque continuel d'accident de la route.
Station de pompage sur le pipeline pétrolier Keystone à Hartford, au MissouriCopyright © TransCanada Corporation. Tous droits réservés.
Comparés aux autres solutions, les pipelines sont très sûrs. Cela étant dit, les accidents de pipeline sont comme les accidents d'avion : ils sont rares, mais très médiatisés, ce qui donne parfois l'impression qu'ils sont courants. Bien entendu, l'objectif visé est, et devrait être, une fiabilité et une sûreté totales. Bien qu'il se produise effectivement des incidents, les statistiques de fiabilité de l'industrie sont éloquentes. Entre 2002 et 2009, 99,9998 % des produits transportés par les pipelines membres du CEPA l'ont été en toute sécurité.
Il semble que la bataille livrée contre Keystone XL et Northern Gateway ne vise pas tant les pipelines que les sables pétrolifères et, en l'occurrence, les changements climatiques et le débat que suscitent les émissions de gaz à effet de serre associées aux sables pétrolifères.
La réalité est que nous avons besoin d'énergie, et les pipelines sont un élément essentiel de notre mode de vie, que ce soit pour chauffer nos maisons, conduire nos voitures, avitailler les avions ou cuire nos repas. Toutes les infrastructures énergétiques ont leurs inconvénients. Notre tâche consiste à gérer et à atténuer ces inconvénients comme il se doit afin d'assurer la sécurité énergétique tout en répondant aux préoccupations sociales, économiques et environnementales.
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