Ceux d’entre nous qui ont vécu durant les années 1970 se souviennent de l’événement marquant de cette décennie : le choc pétrolier. Les prix du pétrole ont connu une ascension vertigineuse, et la sécurité des sources d’approvisionnement est devenue un enjeu majeur. Il s’en est suivi des investissements gigantesques dans des sources d’énergie de remplacement, surtout le nucléaire. Le Danemark, pour sa part, a mis au point des éoliennes de grande efficacité qui représentent encore la norme aujourd’hui. La crise a aussi déclenché des programmes de recherche et d’exploitation axés sur des sources d’approvisionnement en pétrole précédemment non rentables comme les champs en eaux profondes et les gisements de sables pétrolifères.
L’histoire nous apprend que le passage d’une source d’énergie traditionnelle à une source de remplacement supérieure et plus économique est un processus lent et graduel. Photo: iStockphoto
Ce qui s’est produit durant l’ère du disco n’était que la continuation d’un processus dont l’origine remonte aux premiers temps de l’humanité. Les agriculteurs ont commencé à utiliser des chevaux et des bœufs pour labourer les champs parce que ces animaux étaient plus forts qu’eux et dépendaient d’une source d’énergie (l’herbe) dont ils n’avaient pas besoin pour leur alimentation. De la même façon, le passage de la chandelle de suif à l’éclairage au gaz a permis non seulement de faire des mots-croisés beaucoup plus facilement et à moindre coût, mais aussi de créer une vie nocturne dans les villes.
Ces changements constituent ce qu’on appelle des « transitions énergétiques ». En voici d’autres exemples tirés de notre passé : le passage de l’huile de baleine au kérosène, le remplacement des moulins à eau par des machines à vapeur fixes et l’abandon de la charrette tirée par des chevaux (alimentés au grain) au profit de la locomotive à vapeur (alimentée au charbon).
Aujourd’hui, on parle beaucoup de la transition d’une économie fondée sur les combustibles fossiles à une « économie verte » et de la nécessité de s’attaquer au problème du changement climatique. Dans des numéros précédents de ce bulletin, nous avons exposé les forces et les faiblesses relatives de différents systèmes énergétiques. Chaque système prend du temps à s’implanter, en général de 50 à 100 ans selon les prix, la disponibilité, l’infrastructure, la fiabilité et la difficulté de supplanter la source d’énergie en place.
Malgré ces obstacles, les transitions énergétiques ont effectivement lieu lorsque la supériorité de la nouvelle source d’énergie est reconnue universellement. Cette supériorité peut s’exprimer de différentes façons : coût, polyvalence/facilité d’utilisation, densité énergétique et (ou) propreté.
Les nouvelles sources d’énergie occupent initialement une petite niche de marché. Avec le temps, les coûts baissent et la technologie s’améliore, et leur utilisation se généralise. Habituellement, cependant, la transition ne s’opère pas sans un petit coup de pouce du gouvernement et d’autres intervenants pour surmonter la résistance au changement. Il peut s’agir d’investissements des différents paliers de gouvernement directement dans les systèmes énergétiques ou dans l’infrastructure de distribution.
Pour faciliter notre entrée dans une ère plus verte, les gouvernements encouragent déjà, et continueront d’encourager, l’utilisation de sources d’énergie renouvelables actuellement moins compétitives sur le plan des coûts.
Comme ces transitions s’effectuent lentement, les sables pétrolifères et d’autres sources d’énergie classiques (qui seront continuellement améliorées) pourront combler l’écart entre l’offre et la demande d’ici à ce que les sources de remplacement soient mieux implantées.
Comme d’autres intervenants, Suncor demande l’adoption d’une stratégie énergétique nationale. En effet, si nous voulons implanter des énergies nouvelles tout en protégeant notre environnement et la santé de notre économie, nous devons d’abord déterminer où nous voulons aller, trouver la voie à suivre et faire nos choix en conséquence.
Ainsi, avec un peu de chance, lors d’un futur retour du disco, la fameuse boule miroir (un « must » dans toutes les soirées de danse disco) tournera et illuminera la salle grâce à une source d’énergie verte.
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