Alors que la reprise de la naguère toute puissante économie américaine semble toujours hésitante et que la dynamique économique apparemment inépuisable de l’Asie et de l’Amérique latine capte toute l’attention des médias, nous serions portés à croire que les nouvelles ne sont pas bonnes pour le Canada et le reste de l’Amérique du Nord.
Nous sommes probablement tous convaincus aussi que si nous évitons un autre ralentissement, nous ferons au mieux du « sur place » durant le reste de la décennie. Et, comble de malheur, le prix de notre café matinal ne cesse d’augmenter.
La phase 3 du projet in situ Firebag de Suncor fait partie des nombreux nouveaux projets d’exploitation des sables pétrolifères qui, collectivement, devraient influer considérablement sur les économies du Canada et des États-Unis au cours des 25 prochaines années.
Si cette conjoncture vous déprime, c’est que vous n’êtes pas au courant d’un des éléments récents les plus réjouissants de l’actualité : les dernières prévisions sur la croissance du secteur des sables pétrolifères (PDF), publiées par le très respectable Canadian Energy Research Institute (CERI) qui, au fait, n’est pas une agence industrielle mais un organisme de recherche indépendant sans but lucratif fondé conjointement en 1975 par le monde de l’enseignement, le gouvernement et l’industrie.
Dans son rapport, le CERI présente une analyse détaillée des impacts de la croissance que pourrait connaître le secteur canadien des sables pétrolifères compte tenu de la hausse continue de la demande de pétrole. Selon le CERI, les projets d’expansion qui seront réalisés dans le secteur des sables pétrolifères au cours des 25 prochaines années constitueront des moteurs d’emplois, non seulement dans l’industrie pétrolière mais aussi dans les secteurs des services et du soutien qui approvisionnent cette industrie et permettent à ses travailleurs de se nourrir, de se vêtir et de se loger.
Et ce n’est pas tout, l’Amérique du Nord au complet en bénéficiera, puisque toute la production pétrolière provenant des sables pétrolifères alimentera dans un avenir prévisible une chaîne de valeur continentale, allant de l’industrie manufacturière et de celle des services jusqu’aux consommateurs d’énergie bien sûr, en passant par les installations de valorisation et de raffinage du pétrole – de la Colombie-Britannique à la Floride et du Texas aux Territoires du Nord-Ouest.
Voici quelques-unes des prévisions du CERI :
- De 2010 à 2035, les investissements dans les nouveaux projets d’exploitation des sables pétrolifères et le réinvestissement des produits d’exploitation de ces projets se chiffreront à environ 2,1 billions de dollars, les immobilisations stratégiques pour la construction initiale représentant 253 milliards de dollars, et les dépenses d’exploitation, d’entretien ainsi que le réinvestissement de maintien, 1,8 billion de dollars. Juste pour fixer les idées, avec une telle somme on pourrait acheter plus de 30 fois toutes les grandes ligues de sport professionnel de l’Amérique du Nord – NBA, LNH, NFL et MLB (en tenant compte du prix moyen des équipes dans chaque ligue).
- En conséquence, le nombre d’emplois (directs, indirects et induits) créés au Canada passera de 75 000 en 2010 à 905 000 en 2035. Et pour chaque paire d’emplois créés au Canada, un autre emploi sera créé aux États-Unis.
- L’Ontario, la Colombie-Britannique et le Québec bénéficieront aussi de retombées économiques favorables comme des emplois et une hausse du PIB, tout comme l’Illinois, la Californie, le Texas, le Wisconsin et l’Ohio. Le gouvernement canadien, pour sa part, recevra en taxes, impôts et redevances au total 311 milliards de dollars durant cette période, et les recettes fiscales de l’Alberta atteindront 105 milliards de dollars – ce qui représente beaucoup de nouvelles écoles et de nouveaux hôpitaux.
Nous ferions cependant preuve de naïveté de penser que toute cette croissance n’aura absolument aucune incidence négative. Comme nous l’avons constaté durant les précédentes périodes d’expansion dans le secteur des sables pétrolifères, une croissance excessivement rapide exerce une pression insoutenable sur les infrastructures et alimente l’inflation.
Bien que nous soyons tous en faveur de la croissance économique et de la prospérité, il est vital que l’industrie et le gouvernement considèrent les sables pétrolifères comme un secteur de production à long terme qui doit être géré prudemment de façon à ce qu’il puisse être une source durable et solide de création de bons et nombreux emplois et une source de vitalité économique pour nos collectivités.
Avouez que ce serait un bon sujet de conversation autour de cette « précieuse » tasse de café… À tout le moins, nous pourrions sauver les emplois des serveurs.
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