Cette semaine, nous avons demandé à Marlo Raynolds, conseiller principal au Pembina Institute, d’être notre chroniqueur invité et de répondre à quelques questions. Le Pembina Institute est un organisme non gouvernemental du domaine de l’environnement qui a pour mission de promouvoir les solutions énergétiques durables par l’innovation en recherche, l’éducation, la consultation et la promotion d’intérêts.
Marlo est un homme occupé. Il s’apprête à s’envoler avec sa petite famille pour l’Europe, où il apprendra une nouvelle langue et le surf. Nous le remercions du temps qu’il nous accorde.
Quelle est la plus grande occasion qui s’offre aux exploitants de sables pétrolifères?
Les exploitants de sables pétrolifères doivent saisir l’occasion de collaborer de façon proactive avec les intervenants afin de convaincre le nouveau premier ministre de l’Alberta (des élections sont prévues cet automne) que sa province doit fixer des limites préventives en ce qui a trait à l’effet environnemental cumulatif des sables pétrolifères sur l’eau, la qualité de l’air et la perturbation des terres. Outre la fixation d’un prix plus élevé pour les émissions de carbone afin d’entraîner de véritables réductions des émissions, des limites environnementales sont requises pour stimuler l’innovation et le développement de nouvelles technologies nécessaires à la résolution des problèmes environnementaux découlant de l’exploitation des sables pétrolifères.
De nombreux exemples montrent à quel point les normes judicieuses fondées sur le rendement stimulent l’innovation. À titre d’exemple, la ligne directrice concernant les résidus est un des facteurs qui a poussé Suncor à trouver une solution pour réduire le volume de ses résidus grâce au procédé TRO.
Il faut d’abord et avant tout freiner l’augmentation de l’effet environnemental cumulatif, puis le réduire. C’est cette mesure du rendement qui permettra d’améliorer considérablement la réputation de notre province et de l’industrie.
Bien entendu, nous y parviendrons lorsque nous mandaterons des ingénieurs et des gens d’affaires pour faire les choses différemment. Nous n’arriverons à rien si les exploitants de sables pétrolifères continuent de faire appel à des avocats et à des lobbyistes pour éviter les problèmes.
Qu’est-ce qui vous empêche de fermer l’œil la nuit?
Si on ne tient pas compte de mes enfants de trois ans et de 18 mois qui m’empêchent de dormir, deux choses me tiennent éveillés la nuit : 1) le problème mondial que sont les effets perturbateurs du changement climatique, et 2) la prospérité socio-économique à long terme de l’Alberta.
En ce qui concerne le changement climatique, plus je passe de temps avec les scientifiques experts en climat, plus mes préoccupations sont importantes. Nous avons apporté des changements à notre système climatique qui, de mon vivant, sont susceptibles de créer des perturbations majeures au niveau de l’approvisionnement en aliments et en eau, de la résilience des espèces et de la géopolitique. Mais ce n’est pas la peur qui me tient éveillé, c’est la frustration de savoir que nous pourrions et devrions en faire beaucoup plus afin de prévenir les pires scénarios en matière de changement climatique. C’est le sentiment d’avoir tant de dettes que vos enfants devront les payer longtemps après votre départ.
En ce qui a trait à la prospérité économique en Alberta, je m’inquiète parce que nous n’épargnons pas une partie suffisante des richesses issues de nos ressources et que nous n’investissons pas suffisamment dans la diversification de l’économie. Même si le pétrole et le gaz seront en forte demande pendant encore quelques dizaines d’années, nos systèmes énergétiques subissent d’importants changements, surtout au chapitre des technologies de transport à faible intensité carbonique. Il est de plus en plus plausible de penser que mes enfants verront, de leur vivant, le pétrole perdre sa place à titre de source prédominante d’énergie. L’Alberta ne se prépare pas en conséquence.
Mes enfants sont nés en Alberta et, à l’instar de nombreux parents, je souhaite qu’ils aient l’occasion d’y mener une vie prospère. Ils façonneront eux-mêmes leur avenir, mais j’estime que nous avons l’obligation de leur léguer un environnement sain et de ne pas dilapider notre richesse collective.
Si vous avez des questions ou des commentaires, communiquez avec Marlo.
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