La réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant du secteur du transport constitue un élément clé de toute stratégie énergétique et de lutte contre le changement climatique. Mais c’est aussi le plus gros défi à relever. En effet, dans tous les pays du monde, grands ou petits, riches ou pauvres, la mobilité personnelle et le transport des marchandises sont essentiels à l’essor économique et à la qualité de vie.
Sans transport, national et à fortiori international, le commerce serait impossible, et il nous faudrait habiter à distance de marche de notre travail. Cette perspective peut sans doute plaire à certains écolos idéalistes, mais, pour la plupart d’entre nous, il n’est pas question de retourner au Moyen Âge.
Essentiel à la vie moderne, le transport est également très complexe. La comédie Un ticket pour deux (titre original anglais : Planes, Trains & Automobiles) raconte les tribulations d’un homme (Steve Martin) qui tente de rentrer chez lui pour l’Action de grâce avec comme compagnon d’infortune un vendeur de tringles de rideaux de douche attachant mais un peu primitif (John Candy). Le film est une caricature des réseaux de transport dans le monde industrialisé.
Les déplacements en avion, en train ou en voiture étant toujours plus faciles, une partie importante des émissions de GES des pays développés est imputable au transport. En raison de l’étendue du territoire et de l’espacement entre les grands centres, le transport est responsable de près de 28 % des émissions de GES du pays, selon Environnement Canada.
Pour la classe politique, inciter les gens à réduire leurs déplacements n’est pas une stratégie gagnante pour les prochaines élections (la consommation globale d’essence aux États-Unis a toutefois diminué de 5 % sur une base annuelle en mai 2011, selon le département américain de l’Énergie). C’est pourquoi les gouvernements se concentrent sur des approches moins pénibles.
L’une d’entre elles, adoptées par la Californie et par l’Union européenne, consiste à réduire l’impact climatique ou ce qu’on appelle « l’intensité carbonique » du combustible utilisé pour le transport. Il s’agit en fait de limiter ou d’exclure les combustibles dérivés de ressources à haute intensité carbonique comme le pétrole brut tiré des sables pétrolifères. Comme nous l’avons expliqué dans un numéro antérieur, les sables pétrolifères, même s’ils ne sont pas réellement exportés en Europe, sont effectivement responsables de plus d’émissions de GES que les autres sources d’approvisionnement de ce continent (voir la diapositive 19 de la présentation de l’Association canadienne des producteurs pétroliers intitulée La place du Canada sur le marché énergétique mondial)(Disponsible en anglais seulement).
Cependant, bien que la limitation de l’intensité carbonique des sources de combustibles soit une voie à suivre (et nous la suivons), articuler toutes les politiques uniquement autour des propriétés des combustibles n’est pas une solution efficace au problème.
C’est pourquoi nous favorisons plutôt une infrastructure de transport à faible intensité carbonique (LCTF). Il s’agit d’une stratégie applicable à l’ensemble du secteur du transport qui définit des objectifs absolus de réduction des GES. Elle comporte trois volets :
• la réduction de l’intensité carbonique des sources de combustibles,
• la réduction des distances parcourues par les véhicules (par exemple au moyen d'investissements dans le transport en commun et dans la planification urbaine),
• la production de moteurs très efficaces (en Europe, par exemple, les constructeurs de véhicules doivent maintenant améliorer année après année la consommation nette de leurs nouveaux modèles).
Nous ne pensons pas que notre exposé sur les transports suscitera autant de rires et de sourires que le film Un ticket pour deux, mais nous espérons que nos points de vue et notre approche LCTF attireront l’attention des décideurs qui souhaitent sérieusement abaisser considérablement les émissions de GES du secteur du transport.
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