Cette semaine, nous avons demandé à Anne Harding, conseillère, Relations avec les groupes d’intérêt, à Suncor, d’être notre chroniqueuse invitée. Nous la remercions d’avoir pris le temps de nous faire part de ses réflexions.
Comme le disent les proverbes Deux têtes valent mieux qu’une, À beaucoup d’ouvriers la tâche est aisée, Il faut un village pour élever un enfant, des gens de différents horizons peuvent travailler ensemble vers un but commun.
Ainsi, pour les sociétés de mise en valeur des ressources, il est de plus en plus important de trouver une façon de travailler avec les différents groupes d’intérêt pour établir et concrétiser une vision commune de la prospérité pour la collectivité (voir à ce sujet Social Prosperity Wood Buffalo). Comme l’exploitation des ressources est une activité en expansion sur les terres traditionnelles des peuples autochtones, la question de travailler ensemble vers un but commun est primordiale.
C’est pourquoi je me considère comme privilégiée d’avoir pu passer les deux dernières années à étudier ce sujet dans le cadre d’un programme interdisciplinaire de deuxième cycle à l’université de Calgary. Avec l’aide de conseillers des facultés de droit, de commerce et de sociologie, je me suis penchée sur les facteurs clés de succès des initiatives de collaboration entre les collectivité autochtones et les sociétés de mise en valeur des ressources naturelles.
En outre, j’ai eu la chance de pouvoir axer mes recherches sur de telles initiatives dans le secteur des sables pétrolifères en étudiant l’évolution des projets de Suncor au cours de la dernière décennie. J’ai pu obtenir de l’information précieuse directement de représentants de Chip Manufacturing, de Mikisew Industrial Supply, du Fort McKay Business Incubator, des collectivités de la Première Nation Athabasca Chipewyan, de la Première Nation crie Mikisew et de la Première Nation de Fort McKay ainsi que de mes collègues à Suncor.
Chip Manufacturing est une entreprise qui appartient à 100 % à la Première Nation Athabasca Chipewyan de Fort Chipewyan, en Alberta. Elle fabrique des protège-poignet industriels en Kevlar. Fondée à la fin des années 1990 grâce à un prêt de Suncor qui a été remboursé en six mois, Chip Manufacturing emploie plus de 15 membres de cette collectivité éloignée.
Membre de l’effectif de Chip Manufacturing depuis longtemps, Audrey Piche coud des protège-poignet en Kevlar. Photo : Chip Manufacturing.
Mikisew Industrial Supply a été lancée sous le nom Mikisew Slings vers 2003 et avait pour mission de fournir de l’emploi à des membres de la Première Nation Crie Mikisew d’Edmonton. Grâce à un prêt commercial de Suncor et à la mise en œuvre efficace d’un contrat de responsabilité à quatre volets, Mikisew Industrial Supply est un fournisseur prospère de dispositifs pour arrimer, lever ou porter des charges de façon sécuritaire.
Le Fort McKay Business Incubator a été créé en 2009 conjointement par Suncor et la Première Nation de Fort McKay. Installé dans le bâtiment administratif de Fort McKay, le groupe offre des services de soutien aux entrepreneurs locaux. Le projet pilote doit se terminer cette année, mais les deux parties prévoient étudier de plus près l’avenir de cette initiative de collaboration.
Quelles sont les conclusions de mon étude? Eh bien pour en connaître tous les détails, vous devrez peut-être consulter les prochains articles publiés dans notre blogue FSP. En attendant, voici les grands thèmes de ma recherche.
Premièrement, je me suis penchée sur le développement économique qui constitue, à mon avis, la principale raison pour laquelle les collectivités seront intéressées à travailler avec les sociétés de mise en valeur des ressources. Deuxièmement, j’ai analysé le permis social d’exploitation qui représente, selon moi, le principal élément qui motivera les sociétés à s’engager dans de telles initiatives de collaboration. Et finalement, j’ai examiné d’autres types de partenariats intersectoriels pour comprendre les défis à relever et les processus qui doivent être mis en œuvre pour aider des groupes différents à travailler ensemble afin d’obtenir du succès à long terme.
Après ces démarches et l’étude de trois des initiatives de collaboration de Suncor au cours de la dernière décennie, j’ai exposé les cinq facteurs de succès suivants pour tout projet de collaboration entre des Autochtones et des entreprises :
- objectifs de développement définis par la collectivité,
- facteur de motivation déclaré par l’entreprise,
- confiance mutuelle, responsabilité conjointe et dialogue permanent,
- mécanismes pour établir des ponts interculturels, par exemple au moyen d’une personne qui connaît la culture autochtone et la culture d’entreprise, et
- un objectif commun qui aura des retombées positives et durables pour les deux parties.
Mes recherches sur Suncor mettent en évidence une tendance au cours de la dernière décennie vers une approche toujours plus axée sur la collaboration avec les collectivités autochtones. J’ai aussi constaté que l’approche collaborative n’est pas l’unique facteur de succès et même qu’elle n’est pas la meilleure option dans toutes les situations.
Cependant, les collectivités autochtones et les sociétés d’exploitation des ressources qui souhaitent vraiment travailler ensemble pour concrétiser une vision commune de la prospérité dans leur milieu auraient intérêt à commencer par considérer les cinq facteurs de succès énoncés plus haut.
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