Grincez-vous des dents chaque fois que vous pensez à votre trajet pour aller au travail? Avez-vous déjà souhaité intérieurement être seul sur la route? Bienvenue parmi les nombreux banlieusards qui vivent cette même dure réalité tous les jours de la semaine. Mais croyez-le ou non, si vous n’êtes pas un citoyen de la municipalité régionale de Wood Buffalo en Alberta, votre heure de pointe risque d’être une partie de plaisir comparativement à ce que les gens de cette collectivité doivent endurer la plupart du temps.
Les bouchons de circulation, un véritable fléau pour la plupart des Canadiens, font aussi partie de la vie dans la région des sables pétrolifères. Photo : iStockphoto
Bien qu’on y trouve les meilleures perspectives d’emploi et le plus haut revenu par habitant au Canada, la région des sables pétrolifères est aux prises avec un des pires problèmes de saturation des réseaux de transport - routier et aérien – au pays.
Des infrastructures surutilisées et des services sociaux débordés sont la conséquence d’une décennie de croissance effrénée. Le développement apporte la prospérité, mais il exerce aussi d’énormes pressions sur le réseau routier, sur le parc immobilier et sur les établissements scolaires et médicaux (un problème que nous avons abordé dans un numéro antérieur).
Pourquoi est-ce si difficile de rouler à Wood Buffalo? Essentiellement, la région ne possède qu’une seule route d’importance pour une superficie qui surpasse celle de la Nouvelle-Écosse. De plus, la route 63 de Wood Buffalo doit supporter les plus lourdes charges par kilomètre au pays, même si une partie seulement est à quatre voies.
Prendre un vol commercial à destination ou en provenance de Fort McMurray peut aussi être un casse-tête. L’aéroport est le plus achalandé de tous les petits et moyens aéroports au Canada. Selon l’administration aéroportuaire de Fort McMurray, l’achalandage atteint plus de 700 000 personnes malgré une capacité nominale de 235 000 (capacité atteinte et dépassée dès 2005). Le bâtiment situé côté piste est conçu pour 200 passagers au maximum, mais il en reçoit déjà au moins 300 et il devrait idéalement avoir une capacité de 400 personnes.
Comme intervenants clés dans la région des sables pétrolifères, Suncor et le reste de l’industrie se sont engagés à travailler avec les gouvernements et les autres intéressés afin de s’attaquer aux problèmes de transport et d’aider à les résoudre.
Reflétant le dynamisme des Albertains, les acteurs du milieu ne comptent que sur eux-mêmes pour trouver des solutions.
Un nouveau pont à cinq voies a été construit pour permettre aux camions surdimensionnés de passer au-dessus de la rivière Athabasca qui traverse Fort McMurray. Sa structure lui permet de supporter 12 fois la charge habituelle d’un pont.
La société Diversified Transportation Ltd. fournit des services de transport par autobus pour transporter des milliers de travailleurs vers les chantiers jour après jour, ce qui contribue à réduire considérablement le nombre de véhicules sur la route et à réduire l’impact sur l’environnement.
Un programme de reconstruction est en cours en vue de tripler la capacité du terminal. Une fois les travaux terminés, l’aéroport pourra recevoir jusqu’à un million de passagers par année.
Par ailleurs, il y a un intérêt renouvelé pour le corridor ferroviaire Calgary-Edmonton-Fort McMurray, reliant le centre névralgique des sables pétrolifères aux deux plus grandes villes de l’Alberta vers le sud, et on parle d’une renaissance du transport sur les rivières locales.
Tout cela est de bon augure pour l’Athabasca Oil Sands Area Transportation Coordinating Committee qui vient d’être créé. Composé de représentants de la municipalité, de la province et de l’industrie, le comité a pour mandat de trouver des moyens pour améliorer davantage les routes, le transport, le réseau ferroviaire et le trafic aérien. (Le premier président du comité est une représentante de Suncor, Heather Kennedy, qui compte des années d’expérience dans les sables pétrolifères et habite Fort McMurray depuis longtemps.)
La création du comité représente un pas dans la bonne direction. Nous croyons en effet que l’approche collaborative est la meilleure pour s’attaquer aux problèmes de transport et pour relever les autres défis liés à la mise en valeur des sables pétrolifères.
Nous sommes encouragés par ce qui se passe dans le secteur des transports. C’est en faisant des progrès de cet ordre que l’on peut envisager des solutions pratiques et non en rêvant de ceintures fusées, de réseau de poudre de cheminette ou de voiture à voyager dans le temps DeLoreans (quoique, avouons-le, ce serait pas mal cool...)
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