Cette semaine, Ed Whittingham, membre de la haute direction de l’Institut Pembina, a accepté de répondre à nos questions sur une nouvelle campagne parrainée par son groupe et par d’autres organismes canadiens voués à la protection de l’environnement.
L’initiative Silence on parle a été lancée le 7 mai en réponse aux changements proposés à des lois canadiennes sur l’environnement. On invite les participants au mouvement à plonger leur site Web dans le noir le 4 juin « pour se porter à la défense de l’environnement et de la démocratie ».
Nous remercions Ed pour le temps qu’il nous a accordé.
Qu’espérez-vous obtenir au moyen de cette campagne?
Les Canadiens méritent qu’on leur permette de s’exprimer ouvertement et de façon responsable sur leur avenir énergétique commun. Les participants à la campagne Silence on parle, des milliers de citoyens et plus d’une centaine d’organismes, savent que plonger leur site dans le noir pendant un jour seulement ne mettra probablement pas fin aux attaques du gouvernement Harper contre les organismes de bienfaisance et les groupes environnementaux, mais la fermeture de nos sites Web symbolise ce qui se passerait si nous ne pouvions pas prendre la parole quant à l’avenir de notre pays.
Les lecteurs de FSP peuvent penser que les participants à la campagne Silence on parle réagissent de façon excessive à la situation, mais les changements proposés à des lois environnementales clés dans le Projet de loi C-38 sont sans précédent et draconiens. Par exemple, le projet de loi prévoit l’abrogation de l’actuelle Loi canadienne sur l’évaluation environnementale et son remplacement par une nouvelle loi qui permettra au cabinet de passer outre aux décisions de l’Office national de l’énergie, organisme prétendument sans lien de dépendance. Le projet de loi prévoit aussi accélérer le processus d’évaluation environnementale dans le cas des projets d’infrastructure, limiter radicalement la définition des « effets environnementaux » à considérer dans les évaluations environnementales et réduire considérablement la protection des poissons et de leur habitat.
Le résultat net sera des normes affaiblies pour les évaluations environnementales d’un bout à l’autre du pays, de nouvelles restrictions sur la participation des citoyens au processus d’évaluation et la dépendance à une mosaïque de lois d’évaluation provinciales moins complètes. En d’autres termes, il s’agit d’un immense bond en arrière pour la protection de l’environnement.
De quelle façon pensez-vous/espérez-vous que la campagne nous rapprochera d’une solution à nos défis énergétiques communs?
Les campagnes populaires ne sont pas une approche habituelle pour nous à l’institut Pembina. Nous sommes davantage reconnus pour nos recherches de haut niveau sur les politiques gouvernementales, nos plaidoyers fondés sur des faits et notre travail comme consultant innovateur, notamment pour des producteurs de sables pétrolifères comme Suncor. Nos ingénieurs, scientifiques et analystes sont bien honnêtement plus à l’aise de travailler en coulisse.
Cependant, pour nous rapprocher d’une solution rationnelle et responsable aux défis énergétiques et environnementaux auxquels nous faisons face et pour nous éloigner des allégations, de la diffamation verbale et des exagérations qui caractérisent le débat public actuel sur les questions énergétiques, nous devons d’abord sensibiliser la population à l’incidence du Projet de loi C-38 sur le développement durable au pays.
Le développement durable des sables pétrolifères est possible, mais C-38 nous fait prendre une tangente. Ce qui n’aide pas non plus c’est lorsque des ministres fédéraux font des accusations non fondées sur de prétendus actes criminels contre certains organismes environnementaux et se cachent ensuite lorsque les journalistes leur demandent des preuves, comme l’a fait récemment le ministre de l’Environnement Peter Kent en lançant des accusations de blanchiment d’argent. Je crois que ces gestes sont contraires aux valeurs canadiennes. C’est pourquoi nous demandons aux Canadiens de partout au pays qui se préoccupent de notre environnement et de l’état de notre démocratie de prendre la parole et d’envoyer un message clair au gouvernement fédéral pour lui faire comprendre que nous voulons avoir un débat plus productif sur nos défis énergétiques.
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