On entend dire en ce moment que le secteur énergétique déséquilibre l’économie du Canada en faveur de l’Ouest et nuit aux industries moins prospères en attirant les investissements étrangers et en faisant grimper la valeur du dollar.
Bien qu’elles ne soient pas distribuées également, les ressources du Canada ont tendance à profiter à l’ensemble du pays. Photo : iStockPhoto.
Ces accusations, portées par certains politiques canadiens, sont sérieuses, mais correspondent-elles aux faits, et couvrent-elles tous les aspects de la situation? Nous sommes d’avis que non.
Il est important de se rappeler qu’en tant que pays riche en ressources naturelles et relativement peu peuplé, le Canada occupe une place importante dans la mise en valeur et l’exportation de ressources naturelles depuis bien plus de cent ans.
La richesse en ressources n’est pas un jeu à somme nulle
Notre secteur agricole actuel est l’un des plus grands fournisseurs de produits agricoles, particulièrement de blé et d’autres céréales. Notre secteur de l’exploitation forestière fournit des matériaux de construction et du papier des plus utiles. Nos métaux et nos minéraux sont recherchés dans tous les domaines, de l’acier à l’engrais. Le Canada est également un exportateur important d’hydro-électricité et, jusqu’à récemment, les provinces de l’Atlantique étaient de grandes exportatrices de poisson.
Ces ressources n’ont jamais été distribuées également au pays. Selon la demande mondiale et nationale pour leurs produits, certaines provinces sont plus prospères que d’autres à différentes époques.
Cela a toutefois rarement été un jeu à somme nulle dans lequel une province profite aux dépens de sa voisine. La richesse du Canada en ressources naturelles et leur développement sont plutôt un moteur de croissance économique nationale et de création d’emplois à l’échelle nationale depuis la Confédération. Ceci est particulièrement vrai à propos du pétrole et du gaz, où notre vaste portefeuille diversifié de ressources énergétiques est transformé en électricité, en carburant de transport, en produits pétrochimiques et en bien d’autres produits de valeur.
La compétitivité et la crise économique sont au cœur des problèmes du secteur manufacturier
La force du dollar n’aide clairement pas le secteur manufacturier au Canada, mais sa faiblesse n’aiderait pas non plus les secteurs qui doivent importer des matières premières. De plus, la grande croissance des sables pétrolifères depuis 15 ans n’est pas la cause du déclin de l’industrie manufacturière au Canada; elle coïncide simplement avec un problème beaucoup plus important qui touche tous les pays riches, soit le transfert à long terme de la majeure partie des industries manufacturières vers les économies à plus faible coût de l’Asie et de l’Amérique latine, et avec la crise financière et la récession récentes qui touchent l’Europe et l’Amérique du Nord.
Ce point de vue s’appuie sur des recherches récentes dans ce domaine. Dans son rapport publié récemment et intitulé Dutch Disease or failure to compete: A Diagnosis of Canada’s manufacturing woes?, l’Institut de recherche en politiques publiques conclut que le boom du secteur énergétique et le renforcement de la monnaie ne sont pas la cause principale des problèmes du secteur manufacturier au pays.
Le développement énergétique dans l’Ouest du Canada est-il vraiment néfaste pour l’ensemble du Canada?
Le secteur énergétique est une source de prospérité
Les retombées économiques actuelles et prévues du développement énergétique semblent indiquer le contraire. Par exemple, le développement énergétique entraîne des avantages économiques non seulement en Alberta et dans l’Ouest du Canada, mais également dans tout le reste du pays.
Selon l’Association canadienne des producteurs pétroliers, le secteur énergétique au Canada a investi 55 milliards $ au pays en 2012 et versé 21 milliards $ au gouvernement en 2011 (PDF). Par exemple, Suncor compte presque 2 400 employés en Ontario et au Québec, et ses dépenses combinées en biens et services dans ces deux provinces se sont élevées à presque 1,6 milliard $ en 2011.
Tel que mentionné dans un de nos articles précédents, le Canadian Energy Research Institute prévoit des retombées économiques importantes des sables pétrolifères à l’extérieur de l’Alberta entre 2010 et 2035, entre autres 63 milliards $ en Ontario seulement. Le Macdonald-Laurier Institute, un centre d’études et de recherches sur les politiques publiques, s’attend aussi à ce que l’Ontario, le Québec et d’autres provinces profitent des avantages du développement énergétique qui éclipseront facilement tout défi posé par un dollar plus fort.
Plutôt que d’essayer de diviser les Canadiens sur la question du développement énergétique, les politiques devraient déployer leurs efforts de façon plus constructive en participant au débat sur l’énergie et en permettant le développement de sources d’énergie de façon à assurer la prospérité économique de toute la nation.
Les ressources naturelles sont fondamentales à la vie de tous les Canadiens. Et elles continueront sûrement d’être un moteur de croissance économique pour de nombreuses générations à venir.
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