On entend de plus en plus dire que les pipelines proposés pour transporter le pétrole brut tiré des sables pétrolifères sont davantage susceptibles de fuir.
Compte tenu de l’intérêt que suscitent les pipelines Keystone XL et Northern Gateway, rien d’étonnant que cet argument ait reçu récemment une grande couverture médiatique. Selon certains détracteurs, le type de pétrole devant circuler dans les nouveaux pipelines, le « dilbit » (bitume dilué), serait plus corrosif que le brut classique.
Qu’est-ce que le dilbit?
Le dilbit est constitué de bitume provenant des sables pétrolifères dont on a réduit la viscosité en y ajoutant un diluant (en l’occurrence un solvant) afin qu’il puisse circuler dans un pipeline. Tenter de transporter du bitume non dilué dans un pipeline serait comme essayer d’aspirer du beurre d’arachides à l’aide d’une paille. (Et au cas où l’envie vous prendrait d’étendre du bitume sur vos rôties en lisant cet article, sachez que ce n’est pas une bonne idée.)
On utilise couramment les diluants dans l’industrie pour rendre le pétrole brut plus fluide (le bitume n’est pas le seul produit trop visqueux pour être pompé tel quel dans un pipeline). En général, les diluants sont des hydrocarbures légers, comme les pentanes plus, les condensats ou le naphta.
Mais est-il vraiment plus risqué de transporter du dilbit plutôt que d’autres pétroles bruts? Pas selon des spécialistes qui ont étudié la question de près.
Des résultats concluants
Le dossier constitué par l’American Petroleum Institute et l’Association of Oil Pipe Lines est fondé sur les résultats des recherches effectuées par le Battelle Memorial Institute, qui a établi que le bitume dilué n’est pas plus corrosif dans les pipelines que les autres pétroles bruts lourds.
Les chercheurs de l’institut en sont venus à cette conclusion après avoir comparé le degré de corrosivité de plusieurs types de dilbit à celui de nombreux autres pétroles bruts. En fait, la plupart des mélanges de dilbit sont moins corrosifs que des pétroles bruts transportés dans les pipelines des États-Unis depuis des décennies.
Les résultats de l’institut Battelle corroborent ceux de l’organisme Alberta Innovates – Energy and Environmental Solutions (AI-EES). L’AI-EES a également effectué une étude comparative de la corrosivité du dilbit et des pétroles bruts classiques dans les pipelines (version PDF en anglais seulement). L’AI-EES a établi que les caractéristiques physiques et chimiques du dilbit sont comparables à celles des pétroles bruts classiques durant le transport par pipeline.
L’AI-EES a également examiné les statistiques de défaillance des pipelines en Alberta et aux États-Unis dans l’optique de comparer des réseaux de pipelines de brut semblables. On s’est aperçu que les réseaux de l’Alberta (comprenant un pourcentage élevé de conduites de dilbit) avaient un taux de défaillances liées à la corrosion comparable à celui des réseaux des États-Unis (qui transportent essentiellement des pétroles bruts classiques).
Des pipelines sûrs et efficaces
Bien que ces conclusions confirment que l’on peut transporter le dilbit par pipeline sans problème, il n’y a aucune place pour une quelconque complaisance dans ce domaine.
De fait, l’industrie de l’énergie prend très au sérieux les risques liés à la manutention non seulement du pétrole brut tiré des sables pétrolifères, mais de tous les hydrocarbures. Malgré ce que vous pouvez lire ou entendre, les pipelines demeurent le moyen le plus sûr et le plus efficace pour transporter du pétrole, y compris les volumes croissants de pétrole tiré des sables pétrolifères de l’Alberta.
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