Le Canada et les États-Unis sont l’un des couples les plus puissants du monde, littéralement.
Le Grand Nord est le plus grand fournisseur de pétrole brut de l’Amérique du Nord et les réseaux électriques et de pipelines interconnectés font en sorte que ces deux pays sont plus près que jamais.
Indépendance énergétique
Suite à la nouvelle de l’autonomie énergétique imminente des États-Unis, les pontes parlent tout bas d’un nid d’amour énergétique douillet qui se lézarde. Selon certains, ce sont les niveaux croissants de production de pétrole et de gaz naturel de schiste non classiques au sud de la frontière qui sont en train de fracturer le ciment de cette union.
Y a-t-il encore de la place pour le Canada dans ce mariage énergétique, même si l’étoile américaine monte de plus en plus dans le firmament? Un examen plus détaillé des relations commerciales dans le domaine de l’énergie donne à penser que oui.
Prenons par exemple le pétrole brut. Selon la U.S. Energy Information Administration (EIA) :
- Les importations américaines de brut canadien ont atteint des records au cours des huit premiers mois de 2012.
- Les États-Unis ont importé environ 25 pour cent de leur brut du Canada en 2011, ce qui représente en moyenne 2,2 millions de barils par jour.
- Le Canada est le plus grand fournisseur de pétrole des États-Unis. Presque 99 pour cent des exportations de pétrole canadien sont en effet acheminées aux États-Unis.
- Le Canada représente une part croissante du total des importations brutes américaines. Les États-Unis importent maintenant davantage de pétrole brut du Canada, même si la quantité totale de brut que ce pays achète ailleurs à l’étranger, par exemple de l’Arabie Saoudite, du Mexique et du Venezuela, diminue.
Et selon un rapport récent de IHS, cabinet spécialisé en recherches énergétiques et établi aux États-Unis, l’appétit américain pour le brut canadien restera ce qu’il est jusqu’à la fin de la décennie. IHS prédit qu’une croissance importante de la production de pétrole au pays ne réduira pas le besoin d’importer du pétrole, y compris celui tiré des sables pétrolifères canadiens.
Infrastructure intégrée
Le commerce du pétrole brut entre les deux pays ne représente qu’un élément d’un arrangement constituant le plus grand marché énergétique intégré du monde. Il a dépassé plus de 100 milliards de dollars US en 2011 en comptant les produits pétroliers, le gaz naturel, l’énergie hydroélectrique et le charbon.
Et ce n’est pas seulement le volume des marchandises qui est significatif. Les pays partagent aussi :
- des réseaux électriques interconnectés, des marchés de l’électricité transfrontaliers et des organismes de fiabilité;
- un réseau de pipelines intégré;
- de nombreux points de référence du commerce, comme le centre EACOC pour le gaz naturel en Alberta, qui sous-tendent le processus de détermination du prix et la prise de décisions commerciales; et
- le titre de propriété de quelques actifs et éléments d’infrastructure énergétiques.
Restons ensemble
Non seulement la relation satisfait les deux partenaires, mais les données de sondage indiquent un solide soutien pour le statu quo. La plupart des Américains voient en effet le Canada comme un fournisseur sûr, fiable et respectueux de l’environnement.
Un sondage récent mené par Anderson Insight pour l’Association canadienne des producteurs pétroliers a déterminé ce qui suit :
- 74 pour cent considèrent que le Canada est le meilleur choix parmi les fournisseurs de pétrole sur le plan des intérêts économiques des États-Unis, par rapport à 14 pour cent qui choisissent le Mexique, neuf pour cent, l’Arabie Saoudite et trois pour cent, le Venezuela
- Plus de 80 pour cent espèrent que leurs représentants élus favoriseront le pétrole canadien plutôt que pétrole d’autres pays pour répondre à la demande américaine.
Les relations énergétiques entre le Canada et les États-Unis changeront peut-être au fil du temps, comme tous les bons partenariats, mais il semble que ce soit un lien qui durera probablement encore pendant de nombreuses années. Les deux partenaires sont très investis et perdraient beaucoup en se séparant. Il suffit de penser aux gros titres négatifs des tabloïdes...
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