Cette semaine, nous avons demandé à Roberta Jamieson, présidente et chef de la direction de Indspire (anciennement la Fondation nationale des réalisations autochtones) de répondre à nos questions concernant le mouvement Idle No More.
Connue pour son travail en résolution de conflits, Roberta est un leader et un modèle tant pour les Autochtones que pour les non autochtones. Elle est la première femme autochtone à avoir obtenu un diplôme en droit au Canada et la première femme à être nommée protectrice du citoyen (ombudsman) en Ontario, poste qu’elle a occupé pendant dix ans.
Roberta a collaboré avec des experts du domaine juridique et politique du monde entier pour faire avancer la démocratie par l’intermédiaire du changement institutionnel. Elle est membre de l’Ordre du Canada.
Que pensez-vous du mouvement Idle No More?
J’ai eu l’honneur au fil des années d’être témoin de nombreux mouvements visant à accroître la sensibilisation aux questions autochtones, et d’y participer souvent personnellement. Les mouvements comme Idle No More prennent racine uniquement lorsque suffisamment de personnes s’identifient profondément à la cause et l’appuient.
Il est tout à fait clair que Idle No More touche vraiment notre peuple. Il est également clair que des membres du grand public sont attirés par Idle No More car les questions fondamentales d’égalité et d’inclusion trouvent écho chez eux.
Je trouve qu’il est aussi très encourageant de voir tant d’Autochtones s’impliquer et insister, comme ils le devraient, pour se faire entendre.
Vous semblez encouragée par l’orientation des jeunes Autochtones. Pourquoi?
Pourquoi pas? Ils constituent le groupe démographique qui augmente le plus rapidement au Canada, au même moment où nous faisons face à une pénurie de main-d’œuvre. Il y a des occasions dont les jeunes Autochtones et tout le Canada peut profiter.
Nous devons en même temps trouver davantage de moyens de les aider à réaliser leurs rêves. Les étudiants Autochtones disent que le manque de soutien financier est le plus gros obstacle à leur obtention d’un diplôme d’études postsecondaires. Les parents Autochtones, comme la plupart des parents au Canada, accordent la plus grande priorité aux études de leurs enfants.
Indspire a distribué à ce jour plus de 50 millions $ à plus de 14 000 étudiants autochtones partout au pays. Le montant annuel que nous distribuons a augmenté depuis quelques années et s’établit actuellement à six millions $. Cette somme est répartie entre plus de 2 200 étudiants. Indspire a eu beaucoup de succès auprès du secteur privé, dont le soutien représente maintenant 25 % des bourses que nous décernons. Suncor est un important intervenant auprès de Indspire et finance notre travail de façon considérable.
Quelles sont les possibilités pouvant découler d’une plus grande sensibilisation aux questions autochtones?
J’espère qu’elle permettra de mieux comprendre les besoins et la situation réels des jeunes Autochtones.
Il existe encore au Canada ce que j’appellerai charitablement des « mythes aisés » au sujet de l’appui que reçoivent les jeunes Autochtones cherchant à faire des études postsecondaires. Malheureusement, il y a encore des gens qui pensent que les étudiants des Premières Nations reçoivent un appui « du berceau à la tombe » et que leurs études sont gratuites. Certains étudiants reçoivent un certain soutien, mais il reste des écarts et des inégalités énormes.
L’année dernière, j’ai proposé un programme de financement de contrepartie au gouvernement fédéral pour les études postsecondaires des Autochtones. S’il accepte de fournir 50 millions $ en bourses, Indspire a bon espoir que les sociétés commanditaires, les supporters et les Canadiens relèveront le défi. Cela voudrait dire qu’un plus grand nombre de jeunes Autochtones pourraient faire des études postsecondaires. Plus de médecins, de professionnels de la santé, d’artisans et d’ingénieurs autochtones. Plus d’Autochtones qui participent à l’économie, contribuent au mieux-être de leur communauté et, oui… à l’économie du pays.
Accroître la sensibilisation permettra à tous les Canadiens de comprendre cette excellente occasion d’aider les générations futures de jeunes Autochtones à prendre la place qui leur revient au pays et dans l’économie.
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