Au grand dam des développeurs et des exploiteurs de pipeline, les sables pétrolifères sont devenus la cible en matière de changement climatique des groupes qui cherchent à accélérer l’élimination des carburants fossiles du bouquet énergétique mondial.
Soyons réalistes : les sables pétrolifères sont une excellente cible. Certaines des activités d’exploitation minière sont « photogéniques », et pas toujours dans le bon sens du terme. Cette industrie relativement nouvelle attire des capitaux et de la main-d’œuvre d’autres régions en Alberta et au Canada. Et comme le port maritime le plus près se situe à plus de 1 000 kilomètres, la production des sables pétrolifères n’a pas accès à la mer et a grandement besoin d’un consensus sociétal pour qu’on construise de nouveaux pipelines d’envergure afin d’approvisionner efficacement les clients actuels et potentiels.
Émissions des sables pétrolifères
Les partisans du développement des sables pétrolifères font valoir qu’il est injuste et simpliste de blâmer entièrement, ou même en majeure partie, les sables pétrolifères pour le futur changement climatique. Le charbon émettait, et continue d’émettre une quantité beaucoup plus importante – et croissante – de gaz à effet de serre (GES). Selon Environnement Canada, les émissions totales de GES des sables pétrolifères en 2010 se chiffraient à 48 mégatonnes, soit juste 3,5 % des émissions de GES de la production d’électricité à partir du charbon aux États-Unis en 2009. De plus, selon la Commission de statistique des Nations Unies et Environnement Canada, les émissions des sables pétrolifères représentaient 6,9 % des émissions de GES au Canada et juste un peu plus de 0,16 % des émissions de GES mondiales.
Les opposants des sables pétrolifères rétorquent que le les émissions actuelles ne sont pas le problème, mais plutôt celles des décennies à venir qui proviendront du développement. Un récent rapport de Greenpeace inclut par exemple les sables pétrolifères dans 14 projets de charbon, de pétrole et de gaz dans le monde et conclut que si tous ces projets sont réalisés, les émissions de GES mondiales augmenteront de 20 % d’ici 2020. La lacune de cette analyse est qu’elle ne tient pas compte du remplacement naturel des combustibles à teneur élevée en carbone par des combustibles à teneur moins élevée en carbone, pour ne pas parler de la croissance soutenue des énergies renouvelables. Selon l’Energy Information Administration, les émissions de GES aux États-Unis ont diminué de 13 % depuis cinq ans, en grande partie car le gaz naturel des gisements de schiste (une autre chose à laquelle les écologistes s’opposent) a dépassé le charbon pour la production d’électricité.
Efficacité énergétique
D’une part, la production des sables pétrolifères est à plus forte intensité d’énergie (et dégage donc plus de GES) que la production du pétrole classique. D’autre part, selon Jacobs Consulting, lorsqu’elles sont mesurées en tenant compte d’un cycle complet, seuls 25 à 30 % des émissions de GES associées au pétrole proviennent de l’extraction et du raffinage, quel que soit le processus utilisé, alors qu’environ 70 à 75 % de ces émissions proviennent de la combustion dans les véhicules.
Quand on a des problèmes, c’est dans la nature humaine de se réconforter en montrant du doigt d’autres personnes qui font pire (il n’y a qu’à écouter n’importe quel adolescent expliquer ses résultats d’examen médiocres). Dans la même veine, quand il s’agit d’émissions de GES, c’est tentant pour les partisans des sables pétrolifères de réagir aux critiques en parlant d’autres sources d’émissions comme le charbon.
Réduction des émissions de GES
L’industrie a toutefois choisi de s’attaquer au problème directement. Nous savons que l’intensité énergétique est une grave faiblesse pour les sables pétrolifères. Les émissions de GES associées à chaque baril de pétrole brut des sables pétrolifères ont diminué de 26 % depuis 1990 selon Environnement Canada, et nous nous attendons à ce que cette réduction s’accélère comme les émissions sont un secteur privilégié de la Canada Oil Sands Innovation Alliance.
Il est essentiel de continuer à améliorer l’efficacité énergétique pour que les sables pétrolifères soient acceptés à long terme. Les émissions absolues de toute l’industrie augmentent continuellement et le gouvernement fédéral s’attend à ce qu’elles doublent entre 2010 et 2020.
Comme nous l’avons dit dans un ancien article de FSP, peu importe pour le climat d’où viennent les émissions de GES. Un GES est un GES, quelle qu’en soit la source ou le pays de provenance. Ce qui compte, c’est que nous mettions un frein au blâme et que nous canalisions plutôt nos efforts vers l’examen des émissions de GES de toutes les sources et la recherche de solutions.
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