Nous consommons beaucoup de camelote ces temps-ci : de la camelote alimentaire, télévisuelle et même informationnelle (à moins que vous ne gobiez des histoires comme celle du rodeur nocturne Bat Boy publiée dans un tabloïde vendu dans les supermarchés).
Et maintenant on parle de camelote énergétique, une étiquette peu élogieuse que certains détracteurs des sables pétrolifères ont apposé au bitume, le liquide énergétique dense, épais et visqueux extrait des sables pétrolifères.
Explication
Deux raisons sont invoquées pour la création de cette étiquette. Premièrement, le rendement énergétique de la production de bitume correspond environ au tiers de celui de la production du pétrole léger classique. Deuxièmement, l’énergie consommée pour extraire le bitume in situ provient de combustibles fossiles comme le gaz naturel, ce qui augmente l’intensité carbonique de la production du bitume par rapport à celle du pétrole classique.
Alors, le bitume est-il vraiment de la camelote énergétique? Ce n’est certainement pas notre opinion.
Besoins énergétiques
En fait, le bitume représente une source d’énergie viable, que le monde actuel ne peut se permettre de négliger pour combler ses besoins énergétiques. La demande mondiale est en progression, en particulier dans les pays en développement qui cherchent à relever le niveau de vie de leurs habitants. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande mondiale devrait augmenter de plus du tiers (PDF) d’ici à 2035.
Il est certain que l’intensité carbonique du pétrole brut tiré du bitume est supérieure à celle des autres pétroles bruts, mais pas de beaucoup. En effet, l’étude de Jacobs Consultancy, par exemple, montre que, évaluée du puits aux roues, l’intensité carbonique du pétrole dérivé du bitume n’est que légèrement supérieure (PDF). De plus, selon cette même étude, l’intensité carbonique du bitume serait même inférieure à celle de certains bruts classiques. Comme nous l’avons déjà expliqué, ce n’est pas la production mais bien la combustion des hydrocarbures dans nos camions et nos voitures qui produit la plus grande part des émissions de gaz à effet de serre (GES) liées au pétrole.
Amélioration constante
Comme les chaînes de restauration minute ont commencé au cours des dernières années à offrir des menus plus sains, l’industrie des sables pétrolifères n’a jamais cessé d’améliorer son rendement en matière d’émissions de GES.
Suncor, par exemple, a réduit son intensité carbonique par baril de plus de 50 % depuis 1990 et, selon l’Association canadienne des producteurs pétroliers, l’industrie en général a abaissé la sienne de plus de 26 % durant la même période.
Les efforts se poursuivent pour aller encore plus loin sur ce plan au cours de prochaines années. La Oil Sands Innovation Alliance du Canada a fait de la réduction des émissions de GES son cheval de bataille. Shell a lancé son projet Quest, le premier projet de captage et de stockage du carbone dans le secteur des sables pétrolifères. Lorsqu’elles seront en service, les installations de Shell devraient lui permettre de capter et de stocker plus d’un million de tonnes de CO2 par année en provenance de ses activités d’exploitation des sables pétrolifères.
L’industrie persiste et signe : le bitume n’est pas de la camelote énergétique. Mettre en valeur le bitume pour répondre à la demande mondiale d’énergie est bien plus qu’un plaisir coupable comme dévorer des croustilles, regarder les Beautés désespérées ou feuilleter un numéro de La Semaine.
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