Qu’ont en commun les bulbes de tulipes, les sociétés point-com et le secteur immobilier?
Les trois ont alimenté des bulles spéculatives dont l’éclatement a marqué l’histoire. Chaque fois, des investisseurs en colère ont perdu des fortunes, et les gouvernements ont dû payer les pots cassés de la crise économique qui s’en est suivie.
Certains voient dans nos investissements considérables dans les réserves de combustibles fossiles – charbon, pétrole et gaz naturel – et dans les sociétés qui les mettent en valeur une autre bulle en devenir.
Bulle du carbone
Ces experts, souvent des détracteurs de longue date de l’exploitation des combustibles fossiles, font référence à une bulle du carbone pour donner plus de poids à leurs arguments fondés sur deux hypothèses à propos de la demande future de combustibles fossiles :
- Premièrement, nous n’avons d’autre choix que de laisser en place les deux tiers des réserves mondiales connues de combustibles fossiles si nous voulons éviter les pires conséquences des changements climatiques.
- Deuxièmement, les taxes sur le carbone et d’autres mesures de réglementation de l’usage de ces ressources entraîneront une réduction de la consommation et, par ricochet, une chute de la valeur des réserves.
Les partisans de la bulle de carbone soutiennent que les marchés financiers mondiaux, qui continuent de financer la production d’énergie à partir de combustibles fossiles, ne tiennent pas compte d’une baisse certaine de la demande et surévaluent les réserves.
Cession d’actifs
Des groupes environnementaux de l’Amérique du Nord s’appuient fortement sur ce raisonnement pour tenter d’influencer les institutions financières et leurs actionnaires.
C’est aussi sur ce raisonnement que sont fondées de nombreuses campagnes de cession d’actifs dans les collèges et les universités. S’inspirant du mouvement anti-apartheid des années 1980 en Afrique du Sud, des étudiants se mobilisent et exigent que les administrateurs de fonds de dotation des établissements d’enseignement vendent les actions de sociétés d’énergie qui exploitent les combustibles fossiles.
Alors, les réserves de pétrole de 169 milliards de barils contenues dans les sables pétrolifères sont-elles surévaluées?
Ce n’est certainement pas le point de vue de l’industrie des sables pétrolifères qui réunit avec succès des capitaux sur les marchés financiers mondiaux pour investir massivement dans la mise en valeur des sables pétrolifères (PDF). Il nous semble que la principale justification pour ces investissements demeure la demande élevée, actuelle et future, de combustibles fossiles. Loin d’être parfaits, les combustibles fossiles constituent toutefois une solution supérieure à bien des ressources alternatives ou combinaisons de ressources pour fournir une énergie concentrée et facile à manutentionner pour les secteurs du transport et de la production d’électricité.
Les marchés savent également que la population mondiale devrait atteindre 9 milliards de personnes. La croissance démographique aura lieu surtout dans les pays en développement qui cherchent à relever le niveau de vie de leurs habitants grâce à la disponibilité d’une énergie abordable.
Il ne fait nul doute que la mise en valeur et la consommation de combustibles fossiles produisent des gaz à effet de serre (GES). L’exploitation des sables pétrolifères, en particulier, entraîne plus d’émissions de GES que la production de pétrole classique.
Cependant, l’industrie des sables pétrolifères a fait des progrès dans la réduction des GES au cours des dernières années et les efforts en ce sens se poursuivent.
Vraie valeur
Le raisonnement simpliste à la base de la bulle de carbone fait fi de la façon dont les sociétés relèvent les défis technologiques et économiques. Comme un cheikh du pétrole l’a déjà dit, l’âge de pierre n’a pas pris fin en raison d’une pénurie de pierres. Les techniques coûteuses de captage et de stockage du carbone pour éviter les émissions de GES, par exemple, deviendraient beaucoup plus intéressantes dans un contexte de croissance des prix des combustibles et de taxation du carbone.
Les combustibles fossiles ne sont pas susceptibles d’alimenter une bulle financière étant donné que leurs prix sont essentiellement fondés sur une vraie valeur et non sur la spéculation. Contrairement aux bulbes de tulipes, aux entreprises basées uniquement sur internet ou aux marais floridiens offerts en lotissement, le pétrole, le charbon et le gaz remplissent des fonctions réelles et concrètes dans un monde qui ne pourrait survivre sans énergie.
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