Nous sommes d’avis qu’un meilleur avenir passe par l’écoute et la compréhension des perspectives des autres. Cette semaine, nous avons demandé à Ken Coates, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’innovation régionale à l'École supérieure de politique publique Johnson-Shoyama, de l'Université de la Saskatchewan, et conférencier du dernier débat The Walrus Talks Energy, de nous parler de développement énergétique.
Nous remercions Ken d’avoir répondu à nos questions. Les points de vue, opinions et positions exprimés sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement ceux de Suncor.
Vous avez déjà déclaré que le Canada a gagné à la loterie de l’énergie. Que vouliez-vous dire?
Le Canada est l’un des pays où les richesses naturelles sont les plus abondantes. Contrairement à d’autres pays riches, qui ne disposeraient que d’une seule source d’énergie, le Canada en compte plusieurs – gaz naturel et pétrole classiques, sables pétrolifères, gaz de schiste, énergie hydroélectrique –, sans compter les nombreuses sources d'énergie non conventionnelle (solaire, éolienne et biomasse). Cela devrait assurer la sécurité énergétique à l’échelle nationale et une économie robuste à long terme. Nous devons nous approprier le potentiel des ressources énergétiques du Canada et bâtir un avenir qui tienne compte de nos besoins et de nos préoccupations en matière d’environnement et de perspectives économiques réelles.
Quels sont les changements à apporter si nous voulons profiter pleinement des richesses du Canada sur le plan énergétique?
Tout d’abord, nous devons cesser de nous quereller autant. La prospérité du Canada depuis de nombreuses générations repose sur la mise en valeur systématique de ses ressources naturelles. Ce sont ces ressources qui ont fait de ce pays ce qu’il est, sur les plans économique, social et politique. À quelques reprises dans le passé, nous avons mal utilisé ces ressources et nous avons longtemps payé le prix de cette mauvaise planification. Nous avons les connaissances scientifiques, le sens des affaires et les habiletés politiques pour adopter une approche nationale du développement énergétique (et des ressources en général) tenant compte des préoccupations environnementales, des aspirations des peuples autochtones, du potentiel économique et des besoins gouvernementaux en matière de sources de revenus.
Je ne suis pas un grand partisan des stratégies nationales complexes en matière d’énergie, car le Canada n’excelle pas dans les négociations politiques compliquées et multilatérales. Présentons nos plans sur l’énergie en plein jour. Précisons clairement les enjeux (emplois, perspectives commerciales, revenus fiscaux et prospérité nationale), de même que les coûts et les risques, surtout pour l’environnement. Le Canada devrait être un chef de file mondial en ce qui a trait aux mesures d’atténuation et d’assainissement de l’environnement (nous sommes meilleurs à ce chapitre que ne le pensent les critiques), à la sécurité énergétique (nous éprouvons d’importantes difficultés dans de domaine, notamment à cause d’un manque de clarté dans les responsabilités) et à l’utilisation de technologies pour maximiser la rentabilité et minimiser les conséquences négatives (ici encore, le Canada fait très bien).
Comment les sociétés d’énergie peuvent-elles aider le Canada à tirer le meilleur parti de ses ressources énergétiques?
Les sociétés d’énergie du Canada constituent un groupe diversifié, allant de petites entreprises cherchant à percer le secteur aux sociétés canadiennes ayant une longue histoire au pays, en passant par les sociétés étrangères désireuses de maintenir leur présence dans un des environnements énergétiques les plus sûrs au plan politique, les plus socialement responsables et les mieux gérés au monde.
Jusqu’à maintenant, les sociétés ont adopté une approche réactive à leur présence à l’échelle nationale; elles font de la publicité « en douceur » pour souligner leur responsabilité environnementale, les emplois qu’elles créent et leur engagement social. Cette approche douce est utile et donne une bonne image nationale à ces sociétés d’un océan à l’autre. Cela dit, l’industrie canadienne de l’énergie demeure obscure pour la plupart des Canadiens. Plusieurs ne connaissent que le nom de quelques acteurs, ils n’ont que peu d’expérience directe avec le secteur énergétique (les sites de production d’énergie ne sont pas de grandes attractions touristiques au Canada) et les images qu’ils en ont sont, pour la plupart, celles que dépeignent les critiques en matière de développement énergétique.
Personnellement, je pense que l’industrie énergétique gagnerait â être plus proactive dans la définition de son profil et de sa nature exhaustive au Canada. Il faut éliminer la distinction entre les énergies renouvelables et non renouvelables de même qu’entre les sources conventionnelles et non conventionnelles. Les sociétés doivent souligner encore plus leurs bons coups sur le plan technologique – le public est friand des réussites exceptionnelles dans les secteurs miniers et de la transformation – et expliquer davantage l’importance de la production d’énergie sur la prospérité actuelle du pays.
Parler d’emplois, de revenus fiscaux et de retombées économiques générales en réponse aux critiques ou dans le cadre d’une stratégie promotionnelle liée au développement d’un nouveau projet équivaut, selon moi, à faire fausse route. En matière d’énergie, le Canada doit englober le passé, le présent et l’avenir.
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