Nous vivons dans un monde où tout est classé, étiqueté ou catalogué.
Les scientifiques ont répertorié et nommé un nombre incalculable de champignons, d’insectes, de mammifères et de végétaux, et ils continuent d’en découvrir d’autres. Les spécialistes du marketing classent les consommateurs dans différents groupes selon leurs préférences, leurs besoins et leurs aspirations. Et les employeurs catégorisent les membres de leur personnel en fonction du niveau d’éducation, de l’expérience et du rendement au travail pour déterminer leur rémunération.
L’utilité de la classification ne fait donc aucun doute dans bien des domaines, mais tout catégoriser n’est pas toujours bénéfique, comme dans le cas du houleux débat énergétique dans lequel nous sommes engagés au Canada.
Étiqueter les gens et les points de vue
Pour les intervenants comme pour les observateurs, la question énergétique est complexe et une certaine classification devrait, en principe, aider à l’éclaircir. Le problème, c’est que les gens ont tendance à se laisser aller à leurs émotions et à accoler des étiquettes qui véhiculent une image stéréotypée ou même caricaturale afin d’appuyer ou de discréditer un point de vue.
À peu près tous les participants au débat énergétique en sont d’ailleurs coupables. Pour certains écologistes, toute personne qui remet en question le bien-fondé économique ou politique d’une réduction des gaz à effet de serre est un « négateur » du changement climatique. Certains membres de la classe politique n’hésitent pas à traiter de « radicaux » les groupes environnementaux qui s’opposent aux projets d’infrastructure énergétique, comme si cette désapprobation à l’égard des installations proposées allait plonger le pays dans l’anarchie.
Certains chroniqueurs et leurs partisans mettent tous les organismes qui dénoncent l’exploitation des sables pétrolifères dans le même groupe des anti-sables pétrolifères.
Improductif et réducteur
L’étiquetage est improductif et réducteur, et il éveille l’hostilité. Il reflète l’état d’esprit de quelqu’un qui refuse d’écouter le point de vue des autres et d’accorder la moindre importance à ce qui semble évident, notamment la possibilité que son opinion initiale soit fausse.
Affubler les sociétés d’énergie multinationales du surnom « grandes pétrolières », par exemple, témoigne d’une méconnaissance totale de l’engagement profond dans les énergies renouvelables d’un grand nombre de ces sociétés qui considèrent cette filière comme viable et rentable. Dire que certains organismes (notamment partenaires de Suncor) comme l’institut Pembina et le Ceres sont anti-sables pétrolifères, c’est faire fi de leur volonté de travailler avec les exploitants de combustibles fossiles pour trouver des solutions énergétiques à long terme.
Notre avenir énergétique commun
Comme l’a noté le président et chef de la direction de Suncor, Steve Williams, dans le Rapport sur le développement durable de 2013, la conservation de l’énergie au Canada est une priorité qui requiert un engagement constant et une solide collaboration. Beaucoup trop simpliste, l’étiquetage tend à éloigner les parties plutôt qu’à les rapprocher et nous empêche de nous concentrer sur la recherche de solutions.
Faisant écho à cette opinion, Tides Canada, un organisme qui s’oppose depuis longtemps à l’exploitation des sables pétrolifères, vient de lancer sa campagne des « curieux partenaires » qui nous rappelle que « Au Canada, on travaille mieux quand on travaille ensemble ».
La catégorisation peut être utile dans un monde complexe, mais pas si elle sert à déformer nos perceptions des gens et de leurs points de vue.
La plupart des étiquettes sont de toute façon carrément inexactes puisque nous avons tous beaucoup plus de choses en commun que nous le pensons.
Comme l’ont découvert les personnages stéréotypés de Breakfast Club, un classique du cinéma de 1985 (un surdoué, un athlète, une détraquée, une fille à papa et un révolté) après avoir passé l’après-midi en retenue ensemble, nous pouvons tous apporter notre contribution à une discussion ou à un processus de résolution de problème.
The Walrus : discussions sur l’énergie
Rendez-vous sur le blogue FSP le mardi 1er octobre à 18 h, HE (16 h, HR) pour regarder et écouter les conférenciers invités dans le cadre de la série de discussions sur l’énergie parrainée par le magazine The Walrus.
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