L’industrie des sables pétrolifères investit des millions de dollars dans des technologies qui pourraient, littéralement, ne jamais voir le jour.
En effet, ces technologies visent à améliorer l’extraction in situ des sables pétrolifères, qui se déroule essentiellement en profondeur sous la surface du sol.
Les techniques in situ se rapprochent beaucoup plus des méthodes d’extraction classique du pétrole que des activités d’exploitation à ciel ouvert qui représentent la pierre angulaire de la mise en valeur des sables pétrolifères depuis les années 1970. L’extraction in situ est aussi la voie de l’avenir, puisque la plupart des réserves de sables pétrolifères restantes se trouvent en profondeur.
Exigences énergétiques
L’intensité énergétique de l’extraction in situ est beaucoup plus élevée que celle de l’exploitation minière. En effet, le bitume à extraire se trouve presque à l’état solide. En comparaison, le pétrole classique est fluide et peut être pompé ou poussé avec du gaz naturel sous pression jusqu’à la surface. Pour fluidifier ce bitume, il faut le chauffer, ce qui nécessite de l’eau et beaucoup d’énergie!
Par conséquent, toute technologie qui améliore l’efficacité énergétique de l’extraction in situ a une valeur inestimable. Non seulement on utilisera moins d’eau et d’énergie (et on épargnera de l’argent), mais aussi on réduira les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à l’exploitation des sables pétrolifères.
Actuellement, c’est la technique du drainage par gravité au moyen de vapeur (DGMV) qui est la plus courante. On injecte sous terre de la vapeur, produite à l’aide de chaudières au gaz naturel, qui liquéfie le bitume et l’aide à migrer vers la surface.
Technologies prometteuses
Suncor et ses concurrents étudient plusieurs autres technologies prometteuses qui pourraient diminuer le gaspillage d’énergie et les émissions de GES. Les entreprises exploitantes se sont aussi associées dans le cadre de la Canada’s Oil Sands Innovation Alliance (COSIA), dont l’objectif principal est la réduction des GES.
Voici quelques techniques d’amélioration de l’extraction in situ que Suncor et l’industrie mettent actuellement à l’essai :
- Extraction sans eau et procédé N-Solv MC – Utilisant des solvants à basse température plutôt que de l’eau, le procédé N-SolvMC permet non seulement d’éliminer toute consommation d’eau de procédé, mais aussi de réduire les gaz à effet de serre dans une proportion pouvant aller jusqu’à 85 % par rapport au DGMV.
- Production de vapeur par oxy-combustion et captage et stockage du carbone (CSC) – L’oxy-combustion est une combustion dans de l’air dont on a retiré l’azote, c’est-à-dire dans de l’oxygène presque pur. Le combustible brûle ainsi plus efficacement. Il y a moins de gaz de carneau et une plus grande proportion de dioxyde de carbone, ce qui rend le CSC plus rentable pour les producteurs de sables pétrolifères. S’il était mis en œuvre à grande échelle, le CSC pourrait réduire radicalement les émissions de GES liées à l’exploitation des sables pétrolifères.
- Chauffage par induction électromagnétique – Il s’agit d’utiliser des antennes pour émettre des ondes électromagnétiques qui chaufferont électriquement le bitume afin de pouvoir le pomper jusqu’à la surface. Cette technique élimine également le besoin de vapeur et, par conséquent, d’eau. Les émissions de GES liées à cette technique sont aussi inférieures à celles associées à la combustion de gaz.
Activités en cours
Bien que ces technologies ouvrent de nouvelles perspectives à long terme, nous ne pouvons négliger les activités habituelles de réduction des GES comme celles qui visent l’amélioration de l’efficacité énergétique en général.
Probablement qu’aucune des nouvelles technologies n’éclipsera toutes les autres pour l’amélioration de l’efficacité énergétique de l’extraction in situ. Cependant, la combinaison de plusieurs technologies viables devrait avoir un impact important sur le rendement de cette activité.
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