« N’est-ce pas toujours comme ça : on ne sait pas ce qu’on a avant de l’avoir perdu? »
La chansonnière canadienne Joni Mitchell a bien raison, et son observation ne concerne pas seulement l’amour et les relations, mais également tout un nombre de biens matériels de la vie moderne, particulièrement l’énergie.
Vous avez peut-être vécu cette expérience récemment. Vous vous réveillez un matin et il fait un froid de canard chez vous.
Vous sortez du lit et vos pieds se retrouvent sur un plancher glacé. Vous sentez immédiatement l’air froid à travers votre pyjama.
Vous tentez d’allumer la lumière, sans résultat.
Vous vous dirigez vers la douche, mais seulement pour vous rendre compte qu’il n’y a pas d’eau chaude – ou pas d’eau du tout.
Pannes d’électricité
Des milliers de Nord-Américains ont fait face à des pannes d’électricité au cours des dernières années, et particulièrement cet hiver en raison des tempêtes de glace et d’autres conditions météorologiques exceptionnelles.
Ça peut être très difficile de manquer soudainement d’électricité chez soi. La plupart d’entre nous sont mal préparés, surtout ceux qui vivent en milieu urbain, où les pannes sont rares.
On pourrait toutefois soutenir que les pannes nous font apprécier la valeur de l’énergie sur demande. L’énergie fiable, qu’il s’agisse d’électricité, de gaz naturel ou de mazout, est essentielle à la vie moderne.
Énergie fiable
L’énergie fiable est essentielle à nos besoins de base, soit un toit, de la nourriture et de l’eau, mais elle renforce aussi notre penchant pour les déplacements en avion, en voiture et en camion qui nous permettent non seulement de nous rendre de A à B, mais également de profiter de fruits et de légumes hors saison.
Il est vrai que nous devons passer d’une filière énergétique moins dépendante de sources à intensité carbonique telles que les combustibles fossiles. En se fondant sur la technologie et les sources d’énergie de remplacement disponibles actuellement, nous devrions payer davantage, possiblement bien davantage, si nous décidions de délaisser les hydrocarbures. (Prenons par exemple l’Allemagne, qui a l’économie basée sur l’énergie renouvelable la plus avancée en Europe et l’électricité la plus chère en plus.)
L’avenir
En fait, la transition de combustibles fossiles pourrait bouleverser notre vie moderne. Nous devrons peut-être abandonner certains luxes à forte intensité d’énergie simplement car l’énergie disponible suffira uniquement à nos besoins de base.
Dans son livre intitulé The End of Growth, l’économiste canadien Jeff Rubin présente le monde tel qu’’il pourrait être lorsqu’il n’y aura plus de pétrole bon marché. Et ce n’est pas l’apocalypse! Il fait remarquer que le transport des marchandises sur de grandes distances est cher en raison des coûts énergétiques élevés, alors il faudra accroître le commerce et la fabrication près des marchés.
Une partie de notre économie et les emplois connexes seront ramenés chez nous (ce qui s’est déjà produit dans l’industrie chimique aux É.-U. car le bas prix du gaz permet aux usines chimiques en Amérique du Nord d’être financièrement viables pour la première fois depuis des années).
Quel que soit l’avenir, ce qui compte, c’est que nous devons continuer d’accorder la priorité à l’énergie fiable, peu importe sa source, pour les filières énergétiques de demain. Nous devons laisser la porte ouverte à toutes les possibilités sur le plan de l’énergie pour obtenir ce que nous tenons largement pour acquis actuellement. Une filière énergétique qui ne livre pas d’énergie fiable sur demande est une perspective qui nous fait frissonner, comme peuvent en témoigner sans aucun doute les Nord-Américains qui ont vécu les tempêtes de glace.
Et comme le chantait aussi Joni : « Nous n’avons jamais voulu autre chose que de nous abriter du froid. »
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