Nous croyons que la clé pour un meilleur avenir est de comprendre les perspectives des autres et d’être à l’écoute de ceux-ci. Cette semaine, nous avons demandé à Wal van Lierop, président et co-fondateur de Chrysalix Energy Venture Capital, une société de capital-risque axée sur les technologies propres à ses débuts, de donner son opinion sur la transition vers un avenir sobre en carbone et le rôle des entreprises énergétiques traditionnelles. Nous remercions Wal d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.
Que pensez-vous de la suppression des combustibles fossiles comme solution pour réduire les émissions de gaz à effet de serre?
Chrysalix investit dans l’innovation en matière d’énergie propre depuis plus d’une décennie et nous avons vu le terme « technologie propre » évoluer énormément. Le technologie propre ne concerne plus uniquement l’énergie renouvelable, il s’agit de trouver des innovations durables qui peuvent améliorer la productivité tout en réduisant les coûts, l’intensité énergétique et l’incidence environnementale des grandes industries, et cela devient rapidement un élément essentiel de la façon dont les activités sont réalisées. Le monde a besoin d’une énergie propre, fiable et abordable.
La concentration de C02 dans l’atmosphère s’élève maintenant à plus de 400 parties par million, le plus haut niveau jamais enregistré. Nous utilisons toutefois encore les hydrocarbures – et la croissance prévue de l’énergie renouvelable au cours des 20 à 30 prochaines années ne sera pas suffisante pour satisfaire à la demande croissante en énergie pour une population mondiale qui devrait atteindre les neuf milliards d’ici 2050, et cette croissance proviendra principalement des pays en voie de développement.
Afin de combler cette demande, nous avons besoin de toute l’énergie que nous pouvons trouver. L’utilisation des hydrocarbures sera donc définitivement à la hausse au cours des prochaines décennies. Le défi est lancé pour tenter de trouver des façons de rendre plus propre la mise en valeur, le transport et l’utilisation des hydrocarbures, et de profiter davantage de chaque unité. Cela représente une occasion d’investissement important en matière de technologie, dont aucune n’est plus urgente qu’ici, dans l’Ouest du Canada.
Nous constatons ainsi l’apparition de technologies novatrices qui peuvent avoir un impact très positif sur l’industrie des hydrocarbures, comme notre société de portefeuille Axine Water Technologies. Axine élabore actuellement un processus unique d’électro-oxydation pouvant traiter les eaux usées industrielles de façon beaucoup plus économique et efficace que les processus actuellement utilisés pour la production de bitume in situ.
Selon vous, quel rôle auront les entreprises énergétiques traditionnelles dans la transition vers un avenir sobre en carbone?
Le rôle des grandes entreprises énergétiques change. PWC a récemment publié un sondage mené auprès des dirigeants d'entreprises énergétiques mondiales, qui révèle que 80 % des dirigeants de sociétés énergétiques pensent que l’innovation transformera profondément leur entreprise au cours des cinq prochaines années. Lorsque j’assiste à la CERAWeek chaque année à Houston, j’entends de plus en plus souvent les dirigeants de nombreuses sociétés énergétiques du classement Fortune 500 vanter les mérites du pétrole et du gaz non classiques. Mais ils mentionnent aussi qu’ils ont besoin d’une innovation durable pour maximiser cette occasion.
Les grandes entreprises ont l’argent et l’accès au marché nécessaires pour une mise en œuvre considérable des technologies propres. Combinées à des innovations durables et une technologie énergétique plus avancée, ces technologies sont de plus en plus prêtes à contribuer aux principales activités des grandes entreprises, comme le pétrole et le gaz.
Quels changements clés doivent avoir lieu pour accélérer cette transition?
Pour faire agir la masse, nous devrons créer un « avenir normatif » fondé sur une économie équilibrée et des principes environnementaux.
Nous avons besoin de technologies avancées qui peuvent réduire les coûts et l’intensité énergétique tout en améliorant la productivité et l’empreinte environnementale des grandes industries en transition. Les dirigeants d’entreprise doivent créer un environnement accueillant envers le changement et l’innovation, qui ne tient pas compte du syndrome « pas inventé ici », qui a une tolérance aux risques et aide à créer des emplois bien payés au niveau local. Il nous faut également un gouvernement qui crée des règles équitables pour la technologie propre et l’énergie plus propre sans subventions à long terme, mais avec une infrastructure financière avantageuse pour tous les groupes d’intérêt.
Beaucoup de travail reste à faire, mais une solution gagnante pour les entreprises novatrices, les géants de l’industrie et la société dans son ensemble est sur le point de voir le jour. Un nouveau paradigme dans la production d’énergie rentable, efficace et propre est à nos portes.
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