Ces jours-ci, les deux plus grands atouts du Canada sont sans doute l’économie et l’environnement naturel.
L’économie du pays est relativement prospère et productive, et c’est sur elle que nous fondons nos attentes en matière de qualité de vie, de soins de santé, d’éducation et de retraite. L’abondance de nos richesses naturelles – nos régions sauvages et terres agricoles, lacs et montagnes, rivières, forêts, minéraux et sources d’énergie – est incomparable.
Gérer ces deux atouts de façon profitable pour les deux est probablement l’enjeu le plus important du Canada en matière de politique publique.
La Commission de l’écofiscalité
Selon la pensée moderne, l’économie et l’environnement ne sont pas si opposés que ce que tous ont pu croire. Tout comme la conservation des fonds de développement économique, les richesses naturelles améliorent notre qualité de vie par la beauté des paysages et un air et une eau plus propres, et soutiennent l’économie par le biais d’emplois dans les domaines de la pêche, du tourisme, de la foresterie, de l’énergie, de l’exploitation minière et de l’agriculture. Sous cet angle, la préservation et la conservation de nos ressources naturelles ne sont pas des coûts indirects mais bien une contribution essentielle à notre réussite économique.
Développer et approfondir ces idées est le mandat d’une nouvelle voix en matière de politique publique lancée cette année : la Commission de l'écofiscalité du Canada, formée d’économistes canadiens. Il existe aussi un Comité consultatif formé de leaders ayant des compétences politiques, commerciales et environnementales, au sein duquel siège Steve Williams, président et chef de la direction de Suncor.
L’organisme analyse et examine les politiques écofiscales – des politiques tarifaires et fiscales qui encouragent les activités économiques bénéfiques (p. ex., la création d’emploi, l’investissement et l’innovation) et réduisent celles que nous ne voulons pas, comme les émissions de gaz à effet de serre (GES) et la pollution.
De bonnes politiques écofiscales stimulent l’investissement dans des technologies novatrices pour que le Canada puisse continuer à tirer des avantages économiques de ses ressources naturelles tout en protégeant mieux l’environnement. En réalité, les politiques écofiscales peuvent créer un cercle vertueux positif. Les revenus tirés des taxes et impôts écofiscaux peuvent être utilisés pour créer d’autres avantages économiques, comme la réduction de l’impôt sur le revenu ou l’investissement direct dans de nouvelles technologies et infrastructures critiques.
Une approche éprouvée
L’écofiscalité n’est pas qu’une utopie. À Londres, en Angleterre, elle prend la forme de frais de congestion pour réduire le trafic aux heures de pointe. L’argent recueilli est utilisé pour améliorer le transport en commun. En Allemagne, les frais pour la cueillette de déchets non recyclables contribuent à maximiser le recyclage et à réduire la demande de sites d’enfouissement qui se font rares.
Dans des sociétés ouvertes comme au Canada, il ne manque pas de personnes ou de groupes ayant des idées et opinions sur la façon dont les gouvernements pourraient mieux gouverner leurs provinces. Il y a certainement aujourd’hui une foule de conseils gratuits sur des sujets comme l’environnement et l’économie, qui ne sont pas toujours intégrés dans les politiques publiques. L’écofiscalité fera-t-elle mieux?
Nous pensons que oui. L’écofiscalité cherche de façon sérieuse et concrète à amorcer un débat réfléchi et éclairé à propos des outils afin d’encourager la croissance économique et la protection de l’environnement. Plutôt que de mettre de la pression sur les gouvernements pour qu’ils choisissent l’un de ces éléments, l’écofiscalité invite les gouvernements à choisir les deux, par le biais de politiques axées sur la croissance intelligente et la protection ciblée. En incitant l’économie à s’occuper des questions environnementales, logiquement, la protection, la conservation et les avantages qui en découlent suivront naturellement.
Émissions de GES, eau, air et transport
L’écofiscalité s’engage à rechercher et proposer des approches pour les décideurs aux prises avec des enjeux relatifs aux villes et provinces canadiennes. De nombreux sujets sont dans la ligne de mire, incluant l’eau douce et la qualité de l’air, les catastrophes naturelles et les émissions de GES, et le transport et la congestion routière.
L’écofiscalité est en voie de devenir un contributeur rationnel et constructif aux plus importants débats au Canada, incluant les discussions à propos du développement énergétique. Et cela est de bon augure, non seulement pour les décideurs, mais pour tous les Canadiens.
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