On peut aborder les enjeux de notre industrie de différentes manières. Et même si nous ne sommes pas d’accord avec toutes les idées avancées, nous sommes toujours partisans d’un débat constructif, équilibré et fondé sur les faits. En ce début d’année, nous avons donc demandé à trois penseurs de nous communiquer leur point de vue sur les sujets les plus pressants pour l’industrie en 2015.
Les points de vue, les opinions et les positions énoncés ci-dessous ne reflètent pas nécessairement ceux de Suncor.
Chad Park, directeur principal et membre fondateur de The Natural Step Canada dont la mission consiste à aider les organismes et les particuliers à comprendre le développement durable et à y apporter une contribution notable
Nous arrivons à un carrefour, et il devient de plus en plus urgent d’éviter de prendre la voie qui nous mènera à une crise collective en matière de durabilité. Parallèlement, différents groupes d’intérêt se font de plus en plus insistants et exigent des réponses et des plans d’action en ce qui concerne la transition vers des sources d’énergie à faible teneur en carbone. Des leaders soulignent la nécessité d’une collaboration entre les différents intervenants pour relever les défis sociaux, environnementaux et économiques, souvent complexes et interreliés, auxquels nous faisons face.
C’est dans ce contexte qu’a été créé le Energy Futures Lab, une initiative lancée conjointement par The Natural Step Canada, la Fondation Suncor Énergie et d’autres organismes en vue d’accroître la capacité d’agir des différents groupes d’intérêt, de s’attaquer aux défis du développement durable et de trouver des solutions inédites en apprenant à penser, à travailler et à innover ensemble de manière distincte.
Il s’agit d’amener différents groupes d’intérêt à travailler ensemble sur des sujets qui sont souvent sources de divergences. Pour en arriver à des solutions de façon productive, nous devons faire échec à la polarisation qui caractérise le débat énergétique. Nous devons abandonner notre vieille vision antagoniste et adopter une approche davantage axée sur la collaboration. « Comment l’Alberta peut-elle tirer parti de sa position sur l’échiquier énergétique actuel pour agir comme leader dans la transition vers le système énergétique souhaité? Comment pouvons-nous exploiter nos forces actuelles pour innover et franchir la prochaine étape? Comment allons-nous traverser la période actuelle de manière à être mieux préparé pour l’avenir? »
Contrairement à ce que véhiculent les médias et à ce que bien des organismes continuent d’affirmer, le changement climatique n’est pas qu’un problème environnemental dont les conséquences doivent être atténuées. Le changement climatique a aussi des impacts sociaux et économiques, ce qui en fait un enjeu commercial stratégique. Les entreprises qui le reconnaissent et agissent en conséquence, comme Suncor, sont sur la bonne voie pour l’avenir.
Ed Whittingham, directeur principal du Pembina Institute, un organisme à la fine pointe au Canada en matière de recherche sur l’énergie et l’environnement
Bien que les sables pétrolifères ne représentent qu’une partie de l’industrie de l’énergie au Canada, le secteur a la fâcheuse réputation de produire du pétrole coûteux à haute intensité carbonique dans un monde qui souhaite une transition vers des sources d’énergie peu coûteuses et à faible intensité carbonique.
Cette année, de plus en plus de Canadiens devront s’intéresser à une question fondamentale qui reviendra constamment : « Quelles sont les conséquences de la production d’un pétrole coûteux et à haute intensité carbonique dans un contexte marqué par une baisse des prix et une préoccupation croissante pour le changement climatique? »
En 2011, David Emerson, président du conseil du premier ministre de l’Alberta sur la stratégie économique, soulignait le fait que la province devait réduire sa dépendance aux États-Unis comme unique débouché commercial pour son énergie. En 2015, il sera crucial d’arriver enfin à diminuer cette vulnérabilité et de diversifier l’économie de l’Alberta et ce, non simplement en faisant la promotion des sables pétrolifères dans de nouveaux marchés.
Compte tenu de la chute des prix du pétrole et du niveau élevé d’opposition à bien des projets de pipelines, nous devons remettre en question notre approche pour satisfaire la demande mondiale d’énergie et considérer attentivement les conséquences potentielles sur notre croissance économique et sur notre capacité d’adaptation future d’une orientation complètement fondée sur le développement des sables pétrolifères au Canada.
Récemment à Toronto devant un groupe d’investisseurs, James Leaton de Carbon Tracker a parlé de la possibilité d’une « bulle de carbone », une situation où les investissements dans des secteurs comme celui des sables pétrolifères seraient perdus en raison d’une réorientation de la demande vers des sources d’énergie plus propres. Cette allusion souligne de manière probante la nécessité pour nous, Canadiens, de porter davantage attention au risque de produire du pétrole coûteux à haute intensité carbonique sans tenir compte des occasions de croissance économique dans d’autres secteurs. Si nous souhaitons que la transition vers les énergies à faible intensité carbonique se fasse en douceur et ainsi éviter une expérience difficile et pénible, nous devons créer des conditions favorables au débat.
Kali Taylor, directeur principal et un des fondateurs de Student Energy, un organisme mondial sans but lucratif qui vise à soutenir la prochaine génération de leaders en matière d’énergie
Le plus grand défi qui se dresse devant le secteur de l’énergie éclipse facilement le recul des prix du pétrole et bien des enjeux comme celui de l’avenir du pipeline Northern Gateway.
Il s’agit de la peur du changement.
Selon l’opinion générale, la transition vers des sources d’énergie autres que le pétrole et le gaz représente un défi énorme, quasi insurmontable, alors qu’elle constitue une occasion unique pour notre pays de se distinguer comme leader mondial. Nous devons oublier notre façon de faire habituelle et ouvrir la voie vers un avenir plus prometteur.
Le passage à une nouvelle ère énergétique ne sera pas chaotique et douloureux. Il sera progressif, mais il exigera beaucoup de capital, de vision et de détermination. Nous devons faire preuve d’ouverture d’esprit et envisager des façons d’utiliser notre richesse pétrolière pour diversifier notre portefeuille de sources d’énergie et modeler notre avenir selon un modèle plus durable.
Il est important de se souvenir que les sociétés pétrolières sont en fait des sociétés d’énergie. Le pétrole n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’atteindre l’objectif d’une meilleure qualité de vie grâce à un accès facile à une ressource abordable. Ainsi, pour le secteur de l’énergie, le problème est le suivant : « Comment pouvons-nous atteindre le même objectif de façon créative en réduisant notre dépendance aux combustibles fossiles? »
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