Il existe actuellement à l’échelle du globe un vaste mouvement populaire visant à inciter les investisseurs à se départir de leurs avoirs pétroliers, gaziers et houillers comme moyen de combattre le changement climatique.
Les campus des universités, surtout en Amérique du Nord, constituent un terreau fertile pour ces campagnes de désinvestissement dans le secteur des combustibles fossiles, et l’Université de Victoria (UVic), qui occupe un site spectaculaire sur la côte ouest du pays, ne fait pas exception.
Le mois dernier, Steve Douglas, vice-président, Relations avec les investisseurs, à Suncor, s’y est rendu pour participer à un forum de discussion sur le changement climatique, le désinvestissement et la société en général parrainé par le Pacific Institute for Climate Solutions.
Cette semaine, nous lui avons demandé de nous parler de son expérience. Nous lui sommes reconnaissants d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.
Que retenez-vous principalement de vos discussions sur le désinvestissement avec les étudiants?
Le sujet suscite indéniablement beaucoup de passion. J’ai été impressionné par le nombre d’étudiants prêts à consacrer leur soirée à un tel forum. Ils étaient des centaines, tous fortement engagés et bien campés dans leurs positions. Il ne s’agit pas d’un simple engouement passager. Les étudiants du Canada et d’ailleurs dans le monde se mobilisent face au changement climatique. Et je crois que bon nombre d’entre eux le resteront pendant bien des années encore.
Qu’est-ce qui vous a surpris? Qu’avez-vous appris?
La période de questions n’a malheureusement pas été très constructive. Plutôt que de chercher à comprendre le point de vue des experts invités sur le désinvestissement (l’objet prévu des discussions), la plupart des étudiants ont choisi de poser des questions tendancieuses pour essayer de nous mettre en boîte. C’était décevant. En revanche, j’ai été surpris du nombre d’étudiants qui se sont présentés pour discuter avec moi individuellement après le forum. Ils ont presque tous manifesté du soutien pour Suncor et parlé de la nécessité de travailler avec des entreprises progressives pour s’attaquer au changement climatique. J’en conclus qu’il y a en fait une assez grande diversité d’opinions chez les étudiants et qu’un grand nombre d’entre eux reconnaissent la complexité du défi et veulent faire partie de la solution.
Selon vous, quel est l’avenir du désinvestissement?
Le mouvement peut être attrayant pour bien des gens à première vue. Tout le monde veut faire sa part pour contrer le changement climatique et a l’impression que rien n’avance. C’est pourquoi l’idée de simplement se départir de ses intérêts dans les combustibles fossiles peut faire beaucoup de chemin en peu de temps. L’appui au désinvestissement gagne en popularité sur les campus au pays et, selon moi, rien ne laisse entrevoir un retournement de situation de sitôt. Cependant, quand on y pense vraiment, il est clair que le désinvestissement ne constitue pas un moyen efficace pour combattre le changement climatique. En effet, même si la campagne était un grand succès, on n’assisterait pas à une réduction de l’utilisation des combustibles fossiles ni à une réduction des émissions de gaz à effet de serre. À mon avis, ceux qui prendront le temps de bien analyser la question se rendront compte que les solutions viendront d’une combinaison de facteurs comme l’éducation, la conservation, la réglementation et l’adaptation.
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